
Communiqué de Presse
La force de l’État réside dans la force de TOUTES ses institutions, dans le respect de sa Constitution et dans l’éducation à la liberté
L’Association des Rencontres Méditerranéennes du Cinéma et des Droits de l’Homme (ARMCDH) a suivi l’évolution des appels à la protestation lancés par des jeunes qui se sont identifiés sous le nom de « Génération Z », depuis les 27 et 28 septembre derniers. Ces initiatives ont débuté par des appels à des manifestations pacifiques, mais elles ont été confrontées à la répression et à la violence des autorités publiques, pour évoluer ensuite vers des appels quotidiens à la protestation. Certaines de ces manifestations ont échappé au contrôle, entraînant des émeutes et des actes de vandalisme visant les biens publics et privés, ainsi que des blessés parmi les manifestants et les forces de l’ordre, et la mort de trois manifestants.
L’Association condamne fermement tous les actes de vandalisme et de violence ayant accompagné ces protestations, ainsi que les interventions brutales des forces publiques, documentées par la presse présente sur le terrain. Elle réaffirme en même temps la légitimité des revendications portées par la jeunesse, à l’origine de l’idée de protestation, et rappelle les dispositions constitutionnelles garantissant la liberté de pensée, d’opinion et d’expression, de création, la liberté de réunion, de rassemblement et de manifestation pacifique, ainsi que le droit d’accès aux services sociaux et à une vie digne.
L’Association attribue la responsabilité de l’aggravation de la situation à l’absence d’une culture d’interaction positive et durable au sein du système institutionnel, et en particulier aux partis politiques qui se sont à maintes reprises dérobés à des rendez-vous historiques majeurs au Maroc, depuis l’Instance Équité et Réconciliation, en passant par les protestations du 20 février, jusqu’aux manifestations d’Al Hoceima en 2016, continuant d’être absents du terrain, sauf lors des échéances électorales.
L’Association rappelle également les rôles constitutionnels des associations de la société civile, qui sont chaque jour réduits et restreints, alors qu’elles constituent le seul espace de respiration sur le terrain permettant aux jeunes de s’engager dans une pratique citoyenne et un apprentissage concret des libertés dans un cadre de responsabilité.
Elle insiste sur l’urgence de mettre en place les institutions constitutionnelles suspendues, notamment le Conseil consultatif de la jeunesse et de l’action associative et le Conseil consultatif de la famille et de l’enfance, afin d’accélérer leur interaction avec ces questions.
L’Association réaffirme sa volonté de continuer à plaider pour une politique culturelle juste et inclusive, garantissant la présence et la formation des jeunes dans l’ensemble des régions du Royaume, afin de renforcer le sentiment de responsabilité et de citoyenneté.
Elle souligne par ailleurs que la force de l’État découle principalement de la force de toutes ses institutions, qu’elles soient gouvernementales ou non gouvernementales, y compris les partis politiques, la société civile, les médias et le secteur privé. L’efficacité de ces institutions se mesure à leur présence sur le terrain et à leur capacité à consacrer une culture de liberté, de responsabilité et de citoyenneté.
Elle rappelle également les discours de Sa Majesté le Roi concernant la réforme du service public, et appelle les responsables de ce service à revoir leurs modes de relation avec les citoyennes et citoyens, que ce soit dans l’accueil ou dans la gestion des dossiers et procédures administratives, notamment par le respect des délais de traitement et la formation des fonctionnaires en charge de ces missions.
Enfin, l’Association salue la conscience de la jeunesse marocaine et son attachement à ses rêves dans leur terre patrie. Elle les exhorte à maintenir la voie pacifique et à s’engager dans une mobilisation responsable et consciente pour réaliser leurs revendications.